Le développement du langage- Comment parle un enfant de 2 ans -2 ans et demi
Il retient aussi bien les mots rares que les mots connus. Le vocabulaire va donc s'enrichir tout au long de la troisième année à une vitesse étonnante. L’enfant, qui a compris que toute chose s’appelait, va également poser des questions à son entourage en utilisant les pronoms quoi / qui / où, par ex. « Il est où papa ? ».
A cet âge, l’enfant possède généralement un stock lexical en expression a minima de 100 mots, voire de 200 mots bien identifiables. Il est capable de nommer et décrire 3 à 5 objets de son environnement et utilise aussi bien des noms, que des verbes, des pronoms ou des adverbes.
A 24 mois, l'enfant fait souvent des phrases de 2 mots juxtaposés (ou plus), avec une syntaxe souvent inversée : « Caché doudou ». Petit à petit, il forme des phrases dont la grammaire ressemble à sa langue maternelle (type sujet-verbe), par ex. « il court – il dort ». Le genre (masculin-féminin) est encore instable, voilà pourquoi vous entendrez bien souvent « il court la dame ». Son langage est encore très égocentrique, avec beaucoup d’allusions narcissiques en se nommant par « moi » ou son prénom.
Bien souvent à cet âge, l’enfant dit en expression une couleur et ce terme va être utilisé pour nommer toutes les couleurs. De plus, il commence à ajouter le pluriel aux noms et à utiliser le passé dans ses verbes, en conjuguant souvent à la 3ème personne, par ex : « Pati papa » pour « Papa est parti ».
Que comprend mon enfant ?
Sur le versant réceptif, l’enfant répond a minima à des ordres simples (« tu vas chercher tes chaussures ? ») et comprend en moyenne jusqu’à 500 mots. Dans un livre, il va nous montrer aisément 7 à 10 images simples. D’ailleurs, il apprécie beaucoup d’écouter de petites histoires, l’instauration d’un rituel de lecture avant le coucher est donc vivement conseillée. Cet impact positif de la lecture d’histoires peut se mesurer à l’adolescence. Les études* ont prouvé que le niveau de compréhension des adolescent de 15 ans (à qui les parents ont lu des histoires durant l’enfance) a un écart de + de 20 points par rapport aux autres adolescents n’ayant pas vécu ce type d’instants privilégiés.
A 24 mois, la recherche** a mis en évidence que l’enfant comprend la qualité de la structure de la phrase et son côté grammatical. A l’écoute d’une histoire courte, il a été observé des activités neuronales différentes au travers d’un EEG selon si l’enfant entend la phrase « je prends la fraise » ou « je la fraise avant lui ». Ainsi, dès 2 ans, l’enfant fait déjà la différence entre les différentes structures syntaxiques de phrases qui lui sont adressées.
A 2 ans et demi, l'enfant passe de la juxtaposition de 2 mots à des phrases complexes en étendant ses énoncés à 3 mots. Les articles sont correctement utilisés au fur et à mesure, tout comme certains pronoms personnels ou adverbes de lieu (ici, là, là-bas).
La syntaxe s’établit et permet une communication enrichie avec l'adulte et des temps de conversations plus allongés. Les phrases des boutchous commencent à être sur le modèle sujet-verbe-objet, par ex. « Il mange une glace ». De plus, l’enfant est curieux et pose beaucoup de questions. Il est un vrai interlocuteur dont il faut assouvir la curiosité !
Cependant, malgré cette forte évolution syntaxique, vers 2 ans et demi, la parole reste souvent télégraphique. Elle peut parfois s’apparenter à du jargon quand l’enfant est difficilement compréhensible par son entourage. La « gym de la bouche » pourra l’aider à tonifier sa sphère buccale, tandis que la reformulation est vivement conseillée pour lui présenter le bon modèle et l’accompagner dans la suite de son développement langagier.
* Karrass, J. and J.M. Braungart-Rieker, Effects of shared parent–infant book reading on early language acquisition. Journal of Applied Developmental Psychology, 2005. 26 (2): p. 133-148.
** Etude Bernal, Dehaene-Lambertz (2010)
Vidéo 1 : La soif d'apprendre
Vidéo 2 : Comment favoriser l'articulation de mon enfant ?
Vidéo 3 : Enrichir le vocabulaire grâce à un imagier
